C'était, dans la nuit brune, Sur un clocher jauni, La lune, Comme un point sur un "i". Lune, quel esprit sombre Promène au bout d'un fil, Dans l'ombre, Ta face et ton profil ? Es-tu l'œil du ciel borgne ? Quel chérubin cafard Nous lorgne Sous ton masque blafard ? Est-ce un ver qui te ronge Quand ton disque noirci S'allonge En croissant rétréci ? Es-tu, je t'en soupçonne, Le vieux cadran de fer Qui sonne L'heure aux damnés d'enfer ? Sur ton front qui voyage, Ce soir ont-ils compté Quel âge A leur éternité ? Qui t'avait éborgnée L'autre nuit ? T'étais-tu Cognée Contre un arbre pointu ? Car tu vins, pâle et morne, Coller sur mes carreaux Ta corne, A travers les barreaux. Lune, en notre mémoire, De tes belles amours L'histoire T'embellira toujours. Et toujours rajeunie, Tu seras du passant Bénie, Pleine lune ou croissant. Et qu'il vente ou qu'il neige, Moi-même, chaque soir, Que fais-je, Venant ici m'asseoir ? Je viens voir à la brune, Sur le clocher jauni La lune Comme un point sur un "i". Je viens voir à la brune, Sur le clocher jauni, La lune, Comme un point sur un "i".
Composição: Paroles: Alfred de Musset. Musique: Georges Brassens